Guide de préparation psychospirituelle

au Compostelle « équivalent » pour l’Amérique du Nord (KAPOAH) en faveur des marcheurs de longue durée, voire des pèlerins d’ici et de l’international (Pilgrims on the North American Kapoah).

 

Introduction

La vie est un apprentissage constant. On peut dire qu’elle est faite de passages ; la plupart se manifestent discrètement et favorisent une évolution personnelle au jour le jour. D’autres sont plus importants, appellent une pause et conduisent à un nouveau départ ; c’est l’objet des grandes randonnées, en solo ou communautaires, et des pèlerinages.   

 

1. Un attrait à préciser

Quel attrait  m’incline à me lancer sur une route au point de tout quitter de façon prolongée? S’agit-il de relever un défi physique,  de soulager mon cœur d’une peine, d’avoir un contact avec la nature dans son harmonie, d’expérimenter la fraternité humaine, de partager des questions existentielles, de faire une nouvelle expérience, d’élargir mes horizons… Ou tout cela en même temps?

Qu’est-ce qui motive mon choix d’une longue marche ?  Vais-je inventer mon chemin du tout au tout selon l’idée que je m’en fais, ou vais-je m’informer auprès de prédécesseurs, marcheurs ou pèlerins ?  Puis m’inspirer de leur parcours ?

Partir seul, en groupe ?  

             Au plan de la foi :

            Une renaissance religieuse suppose un fort investissement personnel ; renouveler ma vie           intérieure commande un engagement à fond. Y suis-je disposé et consentant ?

            Participer à construire une fraternité universelle dans l’Esprit saint sur une route différente de ma vie jusqu’ici, de notre vie si nous sommes un groupe, m’interpelle-t-il ?

 

Relire une expérience significative :

Quel événement, rencontre, expérience, recherche internet a retenu mon attention, éveillé mon intérêt pour prendre la route ? Développer.

Quelle réaction intérieure ai-je éprouvée à ce moment-là : simple curiosité, attrait, joie d’avoir trouvé cette piste pertinente pour ma situation, fascination pour une aventure nouvelle, une distance de ma routine de vie, autre ?

            Quelle réflexion de St-Augustin ?

            « Lève-toi et marche ! Peut-être essaies-tu de marcher, et tu ne peux pas parce que tu as les pieds malades. Pourquoi as-tu les pieds malades ? Peut-être que la cupidité les a forcés à courir dans des terrains accidentés. Mais le Verbe de Dieu (Jésus) a guéri aussi les boiteux. « Eh bien, dis-tu, j’ai les pieds en bon état, mais c’est le chamin que je ne vois pas. » Il a éclairé aussi les aveugles. »

(Commentaire de saint Augustin sur l’Évangile de Jean – Prière du Temps présent, tome 2 – Lectures, 4ième Dimanche du Carême)

2. Une expérience spirituelle ?    

La spiritualité est faite du souffle intérieur avec lequel on aborde la réalité et on contribue à l’aménager du mieux possible en faveur de la vie.

Quitter mon univers habituel pour m’engager sur la route de tout mon être c’est créer les conditions qui m’amèneront à envisager la réalité de façon différente. L’expérience spirituelle s’édifie donc à partir d’une recherche qui inclue tout ce qui est humain : corps, sens, cœur, dimension socio-affective, culture. Elle vise à tout aiguiller de la personne vers sa destinée ultime. Le fait de cheminer et d’interagir avec d’autres sur cette piste suscitera un soutien mutuel au sein même de l’avancée commune, éventuellement nourrira une union amicale et/ou spirituelle forte. Qui sait, assoira-t-il peut-être de nouveeaux et solides projets communs.

             Au plan de la foi :

            Percevoir la profondeur à laquelle s’enracine mon désir de réaliser un véritable pèlerinage.      Puis approfondir les valeurs de foi qui m’animent.

            Alors ai-je la grâce de plonger ?

            Avec d’autres ?

            Demander cette grâce dans la prière.

Relire une expérience significative :

À quel moment et dans quelles circonstances me suis-je senti interpellé à quitter mon quotidien et à saisir une occasion qui m’apparaissait privilégiée pour changer quelque chose en profondeur dans ma vie ?

Pour sparticiper à une démarche de groupe qui chemine dans une expérience spirituelle de communion entre nous ?

Ou pour scruter le mystère de ma personne… Voire celui de Dieu dans ma vie ?      Préciser.

À partir de cette interpellation intérieure, me suis-je accordé un temps de réflexion et/ou de prière ? Qu’est-ce qui est monté en moi ?

Au bout du compte, quelle prise de conscience m’a fait le plus avancer ?

            Que dit la Parole de Dieu ?

            En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas, si je t’ai dit : Il faut naître à nouveau. Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient, ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit, Nicodème répondit : Comment cela peut-il se faire ? […] Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils l’Unique-Engendré, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle […] La lumière est venue dans le monde et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière car leurs œuvres étaient mauvaises. Quiconque, en effet, commet le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient démontrées coupables, mais celui qui fait la vérité vient à la lumière.                                                                 

(JÉSUS à Nicodème – Jn 3, 5-9.16-17.19b-21)

 

3. Quel besoin ressenti au fond ?

Rompre avec la routine ?                  

Prendre un recul, quitter ma bulle, autre ?

Avoir des réponses à mon malaise existentiel ?

Me réinventer ; explorer, partir ailleurs…

Saisir le sens de ma vie et m’y abreuver dans mes activités ?

Recentrer mon existence en vue d’une harmonie intérieure ?

Trouver un projet unificateur et mobilisateur pour une vie plus intense ?

Découvrir ma place dans le monde, la société ?

 

            Au plan de la foi :

            Me relier à plus grand que moi ? Ajuster mon quotidien à ma foi ?

            Suis-je sujet à des doutes sur les faits rapportés dans la Bible ; sur Dieu, sur Jésus ? Clarifier l’espace des doutes dans ma vie de foi ?

            Apprendre à me définir comme croyant dans un monde sécularisé ?

 

Relire une expérience significative :

A quel signe concret puis-je reconnaître que mûrit en moi un vrai désir de faire un pas décisif ?

Est-ce que je porte ce désir, consciemment ou inconsciemment, depuis longtemps?

Quelle action, quel geste précis révèle la force de mon désir ?

Comment en suis-je arrivé à prendre ma situation en mains et à chercher un moyen d’avancer ?

Décrire ce que révèle de moi et de mon désir l’action ou le geste mentionné ci-dessus.

            Que dit la Parole de Dieu ?

            Voici qu’un homme s’approche et dit à Jésus : Maître, que dois-je faire de bon pour obtenir la vie éternelle ? Il lui dit : Qu’as-tu à m’interroger sur ce qui est bon ? Un seul est le Bon. Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. – Lesquels ? lui dit-il. – Jésus reprit : Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage, honore ton père et ta mère, et tu aimeras ton prochain comme toi-même. – Tout cela, lui dit le jeune homme, je l’ai observé : que me manque-t-il encore ? – Jésus lui déclara : Si tu veux être parfait, va vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ; puis viens suis-moi.

(Mt 19, 16-21)

4. Recherche ou promesse d’une fécondité

Se pourrait-il que derrière ma quête se profile un manque, un idéal enfoui, l’appel à une vie plus en accord avec mon humanité, le désir d’une fécondité ?

Y a-t-il eu un signal qui a éveillé ma conscience sur une:réalité particulièrement sensible blottie au fond de moi ?                                                                

Un changement majeur, un passage professionnel, une épreuve importante, une frustration tenace, une souffrance refoulée, un début de mal d’être, ou encore un désir d’approfondissement spirituel, un besoin de faire le point sur ma vie : questions existentielles sur mon avenir, sur ma contribution à la société, autre ?

            Au plan de la foi :

            Voir clair dans ma foi et ma pratique religieuse ; discerner l’essentiel de l’accessoire,

            Affronter un environnement hostile à la foi chrétienne ?

            L’incapacité de parler de ma foi au travail, avec des amis ; ou encore de la transmettre dans ma famille,

            La tentation de tout abandonner de ma religion sous la pression familiale et/ou sociale ?

            Au contraire, me mettre en situation pour faire une expérience de Dieu.

            Y a-t-il en moi un appel intérieur qui revient sans cesse, comme la promesse d’une vie différente, féconde et heureuse ?

            Saisir mon appel, percevoir mon charisme et découvrir ma mission ?

Relire une expérience significative :

À quelle occasion, la plus récente dans mes souvenirs, ai-je mis le doigt sur un manque dans ma vie et/ou dans ma foi ?

S’agissait-il d’une conversation, d’un évènement familial ou professionnel, d’une avancée significative ou d’un échec ?

Me remémorer lit et les circonstances ; les décrire le plus précisément possible. Ce fait m’apprend quelque chose sur moi, sur mon histoire de vie.

 

           Que raconte la Bible ?

             Abraham (lire Genèse, chapitres 12-23)

             La région d’Ur est réputée celle du déluge biblique alors que 2,7 m. de boue séchée recouvrent un territoire de 600 km par 150 km ; tout fut détruit lors d’un phénomène naturel selon l’archéologie. Plus tard y vint un royaume dont 2 dynasties glorieuses entre 3100 et 2180 av. JC. Ur devint la capitale impériale de Sumer pour connaître une décadence entre -2000 et -1830. Ce fut cette période où, âgé et sans enfant, Abraham ressentit un fort appel à quitter ce lieu. Voyant des invasions et des destructions répétées par les Élamites (Nord-est d’Arabie) et l’avenir bouché, il perçut Ur comme « lieu de la mort ». Quitte ton pays […] pour le pays que je t’indiquerai (Gn 12, 1.7a) lui dit Dieu. Abraham partit ; en route, il expérimente l’amour de Dieu qu’il ne connaît pas et qu’il apprend à découvrir à travers la promesse d’une descendance et d’un pays fertile. Homme entier, plein de foi, sa vie est transformée : il a un fils et jouit d’une grande prospérité.

5. Discerner les éventuels bons moments et la durée

Quel signe intérieur ou autre influence extérieure m’appelle à décider de prendre la route plus tôt ou plus tard, à déterminer le bon moment pour partir ?              

Peut-être à repousser cette option ?

Quels facteurs sont déterminants dans mon choix (celui de mon groupe) de la durée, du temps à consacrer à l’aventure, à la marche, au pèlerinage ?

            Au plan de la foi :

            Est-ce le sentiment d’être arrivé à une croisée de chemins associé au désir d’approfondir ma foi qui m’attire, ou au besoin de me définir dans ma foi qui crée une certaine urgence ?

            Au contraire, un autre facteur qui suggère une remise à plus tard ?

            S’il agit d’une activité de groupe, quel consensus nous amène comme membres à choisir tel moment pour se mettre en route et telle durée; ou au contraire à repousser ?

Relire une expérience significative :

Quel événement porteur de sens s’avère déclencheur : un récit de pèlerin emballé par son expérience, l’invitation de quelqu’un, une organisation de groupe, une interpellation surgie d’un film sur Compostelle, ou autre ?

Jusqu’ici j’avançais à tâtons ; je progressais dans ma préparation mentale. Je me vois arriver à un certain jour « J » alors qu’il me faudra prendre une décision.

Quel mouvement intérieur m’habite ?

Quels signes repérables indiquent en moi que je suis assez fixé sur une mise en œuvre, prochaine ou lointaine, de ce projet dans ma vie ?

Ou encore que mon cœur soit encore divisé entre le pour et le contre ?

Entre autres, ai-je assez conscience du meilleur moment pour partir, de la durée qui convient à ma situation et à mes questions ?

Ai-je assez d’information sur les divers lieux de départ ou d’entrée dans le pèlerinage, ainsi que sur les coûts ?  

Quel effet d’entraînement exerce le témoignage de randonneurs ou de pèlerins sur le choix du moment pour partir et de la durée à consentir à cette expérience ?

            Que raconte la Bible ?

            Il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel. Un temps pour enfanter et un temps pour mourir ; un temps pour planter et un temps pour arracher le plant. […] Un temps pour pleurer et un temps pour rire ; un temps pour gémir, et un temps pour danser. […] Un temps pour chercher et un temps pour trouver ; […] un temps pour se taire, et un temps pour parler […] Dieu a mis dans le cœur des enfants des hommes l’ensemble du temps, mais sans que l’homme puisse saisir ce que Dieu fait, du commencement à la fin.           

(Qo 3, 1-2.4.6a.7b.11b ; ou encore Gn 29, 15-30)

6. L’heure de la décision dans ma VIE, tout comme au plan de la FOI : 

Vient un jour où je dois prendre la décision : de quoi est faite ma décision ?                               

Aurai-je la force de tenir devant les imprévus, avec l’énergie nécessaire ?

Relire ma prise de décision :

Comment ai-je pris ma décision ?                

Le temps qu’il a fallu pour ce faire ?

Quels objectifs je poursuis ?             

Quels moyens je prends pour les atteindre ?

Quel choix précis pour moi (et pour les autres du groupe s’il y a lieu) habite ma et notre décision ?       

À partir de quelles perceptions l’ai-je fait ?             

Quel sens revêt mon choix ? 

Quels obstacles ai-je relevés ?          

Quels renoncements ce choix m’impose-t-il ?

En quoi mon (notre) choix manifeste-t-il une ouverture aux autres, à Dieu ?

Qu’ai-je appris au cours de ma démarche ? (IFHIM – relecture)

            Que dit la Parole de Dieu ?

            Or il advint que, prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, il gravit la montagne pour prier. Et il advint, comme il priait, que l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement d’une blancheur fulgurante. Et voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie qui, apparus en gloire, parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem […] Survint une nuée qui les (Pierre, Jean et Jacques) prenait sous son ombre et ils furent saisis de peur en entrant dans la nuée. Et une voix partit de la nuée qui disait : Celui-ci est mon Fils, l’Élu, écoutez-le. Et quand la voix eut retenti, Jésus se trouva seul. […] Or il advint, comme s’accomplissait le temps où il devait être enlevé, que Jésus prit résolument le chemin de Jérusalem.

(Transfiguration : Lc 9, 28-30.34b-36a.51)

7. Me préparer

M’informer des repères qui confirmeront mon choix de destination, de parcours, de durée, d’équipement. etc.

M’habituer à marcher de 5 à 10 km par jour, et plus…

Me procurer le passeport du pèlerin,

Accumuler des économies, autres.

            Au plan de la foi :

            Identifier des points d’appui pour l’évolution de ma foi sur le parcours : lieux de prière, offre de célébrations, prêtres ou consultants disponibles, autres.

 

Relire la manière avec laquelle je m’y prends :

Combien de temps m’a-t-il fallu pour me décider à entamer ma préparation ?

Énumérer les actions entreprises en vue de me préparer.

Ai-je consulté le site WEB www.Kapoah.com et fait quelqu’autres démarches pour mieux savoir comment m’y prendre ?

Dans quel ordre ai-je décidé d’entreprendre ces diverses actions préparatoires ?

Qu’est-ce que cet ordre révèle de ma personnalité, puis des priorités qui m’habitent ?

Ai-je perçu toutes les composantes indispensables à la préparation d’un bon pèlerinage ?

Me suis-je fait aider pour n’en oublier aucune ?

Ai-je démontré une certaine compétence en la matière ? (IFHIM – Identité d’exécutant)

            Que dit la Parole de Dieu ?

            Qui de vous en effet, s’il veut bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? De peur que, s’il pose les fondations et ne peut achever, tous ceux qui le verront ne se mettent à se moquer de lui, en disant : « Voilà un homme qui a commencé de bâtir et il n’a pu achever ! » Ou encore un roi qui, partant faire la guerre à un autre roi, ne commence par s’asseoir pour examiner s’il est capable avec dix mille hommes, de se porter à la rencontre de celui qui marche contre lui avec vingt mille ? Sinon, alors que l’autre est encore loin, il lui envoie une ambassade pour lui demander la paix. Ainsi quiconque ne renonce pas à tous ses biens ne peut être mon disciple.                                          

(Jésus selon Lc 14, 28-31; aussi Gn 32, 4-22/33, 1-11)